Chargement en cours

Seiko RC-1000 et Commodore 64

Un article de niche sur un sujet de niche pour une audience de niche

Oui, cette répétition de mots était volontaire. Cet article, vous l’aurez compris, porte sur un sujet que je pense peu de personnes aborderont en 2025, voire personne. L’avantage, n’étant pas tributaire de la publicité et de pouvoir faire ce que je veux et j’avais envie, je l’espère, de vous surprendre par ce sujet et de vous apprendre quelque chose sur cette smartwatch de la préhistoire qu’est la Seiko RC-1000 et sa connectivité avec le Commodore 64, ordinateur de mon enfance dont je possède toujours un exemplaire en état de marche.

Une Liaison Rétro-Futuriste en 1984

Gk-54nvbAAASB7y Seiko RC-1000 et Commodore 64

L’année 1984 fut une année charnière pour la technologie personnelle, marquée par l’essor continu de l’informatique à domicile et l’émergence de concepts novateurs dans le domaine de l’électronique portable. Parmi les ordinateurs personnels les plus populaires de cette époque figurait le Commodore 64, tandis qu’une montre-bracelet, la Seiko RC-1000, tentait une incursion audacieuse dans le monde de l’informatique portable en offrant des fonctionnalités allant au-delà du simple affichage de l’heure. Cet article se penche sur la Seiko RC-1000, explore son lien surprenant avec le Commodore 64, et replace cette connexion dans le contexte de l’histoire de l’informatique personnelle.  

La Seiko RC-1000 : Plus Qu’une Montre, un Terminal Personnel

Lancée en 1984, la Seiko RC-1000 se distinguait des montres numériques classiques de son époque par sa capacité à interagir avec un ordinateur personnel. Seiko, une entreprise déjà reconnue pour son innovation dans le domaine de l’horlogerie , a équipé la RC-1000 de 2 Ko de mémoire vive accessible à l’utilisateur. Cette mémoire pouvait être alimentée par un ordinateur via une connexion RS232, transformant la montre en une sorte de terminal miniature.  

Ad-Seiko-RC-1000-721x1024 Seiko RC-1000 et Commodore 64

L’objectif de cette mémoire était de stocker diverses informations utiles au quotidien, telles que des notes et des numéros de téléphone. Plus remarquablement, la Seiko RC-1000 offrait une combinaison d’alarmes programmées et récurrentes. Les alarmes programmées pouvaient être configurées pour sonner une seule fois à une date et une heure spécifiques, tandis que les alarmes récurrentes permettaient de définir une heure pour un jour précis de la semaine, comme un rappel chaque dimanche à 15h. Bien que la programmation principale des alarmes se fasse via le port série, la montre conservait également une alarme supplémentaire, plus traditionnelle, réglable directement sur l’appareil et fonctionnant quotidiennement à l’heure définie.  

L’affichage de la Seiko RC-1000 se limitait à deux lignes de 12 caractères chacune, soit 24 caractères par écran. La mémoire de 2 Ko était conceptuellement divisée en 80 écrans de données, précédés d’une sorte de table des matières servant d’en-tête. Cette structure permettait d’organiser l’information stockée en différentes sections, accessibles via les boutons de la montre. Sur le marché de 1984, la Seiko RC-1000 se positionnait comme un produit novateur, un précurseur des montres connectées d’aujourd’hui, vendu environ 100 £.  

Le Commodore 64 : Un Géant de l’Informatique Personnelle en 1984

Sorti en 1982, le Commodore 64 connut un succès phénoménal et devint l’ordinateur personnel le plus vendu de tous les temps, avec des estimations de ventes entre 12,5 et 17 millions d’unités. En 1984, il dominait le marché des ordinateurs à bas prix, notamment aux États-Unis, où il surpassait les ventes des compatibles IBM PC, de l’Apple II et des ordinateurs Atari 8 bits. Sa popularité était due à son prix abordable, à ses capacités graphiques et sonores avancées pour l’époque (grâce à la puce SID), et à une vaste ludothèque.  

Techniquement, le Commodore 64 était équipé d’un microprocesseur MOS Technology 6510 cadencé à environ 1 MHz, de 64 Ko de mémoire RAM et de 20 Ko de mémoire ROM contenant le système d’exploitation Commodore KERNAL et l’interpréteur BASIC 2.0. Il offrait une résolution graphique de 320×200 pixels avec 16 couleurs et la possibilité d’afficher 8 sprites. Pour la connectivité, le Commodore 64 disposait de ports pour joysticks, d’un port cartouche, d’un port utilisateur (qui pouvait être utilisé pour des connexions RS232), d’une interface pour cassette, d’un port série et de sorties vidéo et audio. Cette richesse de fonctionnalités et sa large diffusion en faisaient une plateforme idéale pour explorer de nouvelles interactions technologiques, comme celle proposée par la Seiko RC-1000.  

adve_090-m-1024x725 Seiko RC-1000 et Commodore 64

La Rencontre Technologique : Seiko RC-1000 et Commodore 64

La possibilité d’interconnecter la Seiko RC-1000 et le Commodore 64 reposait sur le port RS232 de la montre et le port utilisateur du C64, qui pouvait être adapté pour une communication série. La montre recevait des données à une vitesse de 2400 bauds, avec 8 bits de données, pas de parité et 2 bits de stop. Étant donné que la montre n’avait pas de broche TX, seule l’écriture de données vers celle-ci était possible. À chaque mise à jour, 2051 octets étaient systématiquement écrits, effaçant complètement la mémoire précédente.  

Défis de la Connexion RS232

s-l400 Seiko RC-1000 et Commodore 64

Connecter la Seiko RC-1000 au Commodore 64 n’était pas une tâche triviale. Le C64 ne disposait pas d’une implémentation standard du RS232 et nécessitait un adaptateur pour communiquer avec des périphériques RS232 standard. Cette décision de Commodore visait à maintenir le prix de l’ordinateur aussi bas que possible. De plus, l’émulation RS232 par le biais des routines logicielles du Kernal du C64 n’était pas optimisée pour des vitesses élevées. Atteindre une communication fiable à 2400 bauds, la vitesse utilisée par la RC-1000, pouvait s’avérer problématique et entraîner des pertes de caractères. Un autre défi résidait dans la différence de niveaux de tension entre les signaux TTL du port utilisateur du C64 (0 à +5V) et les niveaux RS232 standard (typiquement -12V à +12V), nécessitant un adaptateur pour la conversion de tension.  

Adaptateurs RS232 pour le Commodore 64

Pour établir la connexion, les utilisateurs du Commodore 64 avaient besoin d’un adaptateur spécifique pour gérer ces différences de tension et fournir un connecteur RS232 standard compatible avec le câble de la Seiko RC-1000. Des interfaces RS232 pour le port utilisateur du C64 existaient à l’époque, comme le VIC-1011A de Commodore , et des clones modernes continuent d’être disponibles. Des solutions de bricolage, utilisant des modules RS232-TTL connectés au port utilisateur, étaient également possibles. Ces adaptateurs permettaient de convertir les niveaux de tension et de rendre la communication avec des périphériques RS232 comme la Seiko RC-1000 réalisable.  

Le Logiciel « Wrist Terminal Data Manager »

C64-interface-1024x772 Seiko RC-1000 et Commodore 64

Pour faciliter le transfert de données entre le Commodore 64 et la Seiko RC-1000, Seiko avait développé un logiciel spécifique, vraisemblablement nommé « Wrist Terminal Data Manager ». Ce logiciel offrait une interface conviviale pour créer et gérer les données qui seraient stockées sur la montre. Il prenait en charge différents types de données, tels que des mémos, des alarmes programmées et récurrentes, ainsi que des informations sur l’heure mondiale. Le logiciel gérait le formatage et la transmission de ces données via le port utilisateur du C64 (avec l’adaptateur RS232 approprié) vers la montre, en utilisant son protocole de communication série défini. L’approche par menus du logiciel visait à rendre le processus de transfert de données accessible aux utilisateurs du C64. Des discussions en ligne et des efforts d’archivage témoignent de l’existence et de l’intérêt continu pour cette version du logiciel.  

Tableau des spécifications techniques : Seiko RC-1000 et Commodore 64

CaractéristiqueSeiko RC-1000Commodore 64
CPUProbablement un microcontrôleur basse consommationMOS Technology 6510/8500 @ ~1 MHz
Mémoire2 Ko RAM (2027 octets)64 Ko RAM + 20 Ko ROM
Connectivité (liaison)RS232 (Réception uniquement), 2400 baudsPort utilisateur (TTL), adaptateur RS232 nécessaire
Affichage2 lignes x 12 caractères (24 au total)40 colonnes x 25 lignes (mode texte)
Année de sortie19841982

Tableau des fonctionnalités principales : Seiko RC-1000

FonctionnalitéDescription
Stockage de donnéesNotes, numéros de téléphone, adresses, prix, statistiques, etc., organisés en 80 écrans de 24 caractères, divisés en 12 fichiers de données maximum.
Alarmes programméesAlarmes uniques se déclenchant à une date et une heure spécifiques.
Alarmes récurrentesAlarmes se déclenchant à une heure spécifique un jour donné de la semaine, avec une étiquette de 12 caractères.
Alarme quotidienneAlarme standard réglable directement sur la montre, se déclenchant chaque jour à une heure définie.
Fonctionnalité d’heure mondialeAffichage de l’heure dans différents fuseaux horaires.
Interface ordinateurTransfert de données depuis un ordinateur via une connexion série RS232. La mémoire de 2 Ko est complètement écrasée à chaque mise à jour.

L’Intérêt et la Perception d’une Montre Programmable en 1984

En 1984, l’idée d’une montre programmable et connectée à un ordinateur suscitait un mélange de fascination et de scepticisme. Pour les passionnés de technologie et les premiers adoptants de l’informatique personnelle, la Seiko RC-1000 représentait une avancée intrigante, un aperçu du potentiel des appareils portables intelligents. La possibilité de stocker des informations et de recevoir des rappels directement sur son poignet offrait une forme de gestion de l’information personnelle portable, novatrice pour l’époque.  

Seiko-Japan Seiko RC-1000 et Commodore 64

Cependant, cette technologie pionnière présentait également des limites. L’absence de transmission de données depuis la montre, la nécessité de réécrire la totalité de la mémoire à chaque mise à jour, la petite taille de l’écran (limitant la quantité d’informations affichables) et une interface utilisateur potentiellement maladroite rendaient son utilisation quotidienne moins évidente pour certains. Les réactions contemporaines variaient, allant de l’enthousiasme des « gadget-freaks » à l’indifférence voire au jugement négatif de ceux qui ne percevaient pas l’utilité pratique d’une telle montre. Néanmoins, pour ceux qui étaient prêts à investir du temps dans la compréhension et l’utilisation de cette technologie, la Seiko RC-1000 offrait une commodité et une efficacité nouvelles dans la gestion de leur emploi du temps et de leurs informations importantes.  

Précurseur des Montres Connectées : L’Héritage de la Seiko RC-1000

IMG_0743 Seiko RC-1000 et Commodore 64
Seiko Data 2000

La Seiko RC-1000 se situe à l’aube de l’ère des montres connectées, précédant de plusieurs années les modèles plus sophistiqués que nous connaissons aujourd’hui. En 1984, elle faisait partie d’un petit groupe de montres numériques qui tentaient d’aller au-delà des fonctions de base de l’heure. Si d’autres montres de l’époque proposaient des calculatrices ou un stockage de données limité (comme la Seiko Data 2000 avec son clavier externe) , la RC-1000 se distinguait par sa capacité à interagir directement avec un éventail d’ordinateurs personnels, y compris le populaire Commodore 64, pour recevoir et stocker des informations. Cette connectivité informatique représentait une fonctionnalité relativement unique, la positionnant comme un appareil plus avancé que beaucoup de ses contemporains.  

IMG_7203-719x1024 Seiko RC-1000 et Commodore 64

L’aspect potentiellement novateur de la Seiko RC-1000 résidait précisément dans cette interaction avec un ordinateur personnel. Elle était conçue comme une extension de l’ordinateur, un terminal miniature que l’on pouvait porter au poignet, permettant d’emporter avec soi des informations gérées sur son ordinateur de bureau. Ce concept visionnaire préfigurait l’intégration profonde entre les appareils portables et l’informatique personnelle que nous observons aujourd’hui. Son importance dans l’histoire de l’informatique personnelle est indéniable, car elle constitue l’un des premiers exemples commerciaux de « wearable tech » capable de communiquer avec un ordinateur personnel. Sa compatibilité avec des systèmes populaires comme le Commodore 64 en fait un artefact fascinant pour les passionnés d’ordinosaures et une étape cruciale dans l’évolution des montres connectées et des appareils d’information personnels.  

Conclusion

La Seiko RC-1000, sortie en 1984, représente un jalon important dans l’histoire des montres connectées. Son ambition de se connecter à un ordinateur personnel comme le Commodore 64, bien que limitée par les technologies de l’époque, témoigne de l’ingéniosité et de la vision futuriste des concepteurs. La Seiko RC-1000 n’est pas seulement une curiosité technologique, mais un rappel des premiers efforts pour intégrer l’informatique dans notre quotidien, une époque où l’établissement d’une communication entre une montre et un ordinateur était une véritable prouesse. Cette liaison entre la Seiko RC-1000 et le Commodore 64, aussi rudimentaire puisse-t-elle paraître aujourd’hui, mérite d’être appréciée pour son rôle de pionnière dans le domaine de la technologie portable.

Partagez ce contenu :

Stéphane's avatar

Créateur passionné de Retrogamer.cc. Geek depuis 1977, il partage son amour du rétrogaming et de la tech. Ses madeleines de Proust ? La PC-Engine et la Neo-Geo, toujours branchées sur son écran CRT !