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Vos Jeux Switch Vont-ils Mourir ?

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Le Secret de la Longévité des Cartouches

L’évolution rapide vers le jeu dématérialisé soulève des questions sur la pérennité de nos ludothèques. Tandis que les licences numériques peuvent être soumises aux décisions des plateformes (avec des retraits d’accès potentiels), la possession de supports physiques a longtemps été perçue comme une garantie de conservation. Cependant, l’usure du temps n’épargne pas toujours le matériel, et la notion de « disque qui pourrit » (disc rot) est déjà bien documentée pour les CD et DVD. Des cas similaires ont été observés pour certaines cartouches 3DS, et il semblerait que même les cartes de jeu Nintendo Switch, réputées plus robustes car non réinscriptibles, ne soient pas totalement à l’abri.

Le Cœur de la Cartouche : XtraROM et NAND Flash MLC

Au centre de cette interrogation se trouve la technologie utilisée dans les cartes de jeu Switch : le XtraROM. Ce terme, bien que spécifique à Macronix (le fabricant), désigne en réalité une forme de mémoire flash MLC NAND programmée en usine. Pour comprendre ce que cela implique, il est utile de se pencher sur la nature de la mémoire flash.

La mémoire flash est une forme de mémoire non volatile, ce qui signifie qu’elle conserve les données même sans alimentation électrique. Elle est composée de cellules de mémoire, chacune capable de stocker une certaine quantité d’informations.

  • SLC (Single-Level Cell) : Chaque cellule stocke un seul bit de données (0 ou 1). C’est la plus rapide et la plus durable, mais aussi la plus chère, offrant la densité de stockage la plus faible.
  • MLC (Multi-Level Cell) : Chaque cellule stocke plusieurs bits (généralement deux pour la MLC standard, d’où son autre nom, DLC pour Dual-Level Cell). Cela augmente la densité de stockage et réduit les coûts, au détriment d’une endurance et parfois d’une vitesse moindres par rapport à la SLC. C’est un compromis courant entre performance, coût et durabilité.
  • TLC (Triple-Level Cell) et QLC (Quad-Level Cell) : Stockent respectivement trois et quatre bits par cellule, offrant des densités encore plus élevées et des coûts réduits, mais avec une endurance et des vitesses de lecture/écriture encore plus faibles.
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Source: Sandisk

Les cartes de jeu Switch utilisent donc une forme de mémoire MLC NAND. Bien qu’elles ne soient pas destinées à être « écrites » par le joueur (les sauvegardes de jeu sont stockées sur la console ou une carte microSD), il a été révélé qu’une forme de réécriture de bas niveau se produit. En effet, les cartes Switch sont conçues pour « rafraîchir » périodiquement les données qu’elles contiennent afin de s’assurer de leur lisibilité et de leur intégrité.

Le Cycle de Vie des Données et l’Impact sur la Longévité

Ce mécanisme de rafraîchissement est essentiel pour la rétention des données dans la mémoire flash. Cependant, il implique des cycles d’écriture, et la mémoire flash, y compris la MLC NAND, a un nombre limité de cycles d’écriture avant que ses cellules ne commencent à se dégrader.

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Cela soulève une interrogation pour les jeux qui restent longtemps débranchés de la console. Si une cartouche n’est pas insérée dans une Switch alimentée pendant une période prolongée, le processus de rafraîchissement des données ne peut pas avoir lieu. Il est alors possible que les données deviennent illisibles après un certain temps. Des estimations suggèrent une période de cinq à dix ans comme un point de repère potentiel pour que ce phénomène commence à se manifester.

Le fabricant des puces XtraROM, Macronix, indique une durée de vie d’au moins 20 ans pour ses puces dans des conditions normales, et même 20 ans à 85 degrés Celsius (des conditions extrêmes). Cependant, des rapports concernant des défaillances de cartes 3DS, qui utilisent également le XtraROM, ont émergé après une quinzaine d’années, ce qui suggère que l’utilisation et le stockage peuvent avoir un impact. Certains experts suggèrent qu’une utilisation occasionnelle de la cartouche (quelques heures par an) pourrait aider à activer ce mécanisme de rafraîchissement et potentiellement prolonger la durée de vie des données.

Médias Physiques vs. Numériques : Une Complexité Croissante

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Cette découverte ajoute une nouvelle nuance au débat de longue date entre les partisans des jeux physiques et ceux du numérique. Traditionnellement, le support physique était synonyme de propriété durable, contrastant avec la nature parfois éphémère des licences numériques. Cependant, le « disc rot » et, plus récemment, les interrogations sur la longévité des cartouches à mémoire flash, montrent que même le physique n’est pas une garantie absolue de permanence éternelle.

CD, DVD et cartouches, même combat !

Le « disc rot » est un phénomène de détérioration chimique qui affecte les CD, DVD et Blu-ray, rendant les disques illisibles. Les premiers CD et DVD ont été particulièrement touchés par des problèmes de fabrication, mais même les disques plus modernes sont susceptibles de se dégrader avec le temps en raison de l’oxydation, des dommages UV ou des défauts d’adhésion des couches.

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Pour les cartouches, l’enjeu est différent. Il ne s’agit pas d’une détérioration physique visible comme la pourriture du disque, mais d’une dégradation de la mémoire électronique. Alors que les anciennes cartouches (NES, Game Boy) utilisaient des puces Mask ROM (mémoire morte programmée en usine, très stable et durable, ne nécessitant aucune alimentation pour retenir les données), les supports modernes à base de mémoire flash ont une durée de vie théorique limitée, bien que significative.

Un défi pour les collectionneurs

Cela pose des défis pour les collectionneurs, en particulier ceux qui conservent des jeux sous blister dans l’espoir d’une prise de valeur future. Un jeu scellé, jamais inséré dans une console, pourrait potentiellement devenir inopérant avant d’être joué.

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En fin de compte, la préservation des jeux vidéo est une tâche complexe. Le numérique offre une accessibilité et une distribution facilitées, mais dépend de la pérennité des serveurs et des politiques des entreprises. Le physique, bien que palpable et exempt de dépendance aux serveurs immédiate pour l’accès initial, est confronté à des défis de dégradation matérielle au fil du temps. La question n’est pas de déterminer quel format est « parfait », mais de comprendre les limites de chaque technologie et les mesures à prendre, si possible, pour assurer la survie de notre patrimoine vidéoludique.

Sources

timeextension.com
netapp.com
blocksandfiles.com
kioxia.com
kingston.com
transcend-info.com

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Créateur passionné de Retrogamer.cc. Geek depuis 1977, il partage son amour du rétrogaming et de la tech. Ses madeleines de Proust ? La PC-Engine et la Neo-Geo, toujours branchées sur son écran CRT !